l’absence de violence

                                                                 

AHIMSA : « source des yamas »( règles morales du yoga)

Ahimsa : « source » des yamas                              

On pourrait définir  Les YAMAS comme de simples règles de morale universelle. Mais pour le Yogi, ils sont l’attitude mentale, verbale et physique « bienheureuse », « bienvenue » de nos actions : notre position dans le monde et face aux autres. En tant que pratiquant, à chaque instant,  nous témoignons des bienfaits de notre pratique. Notre comportement  étant le prolongement de celle-ci…Comme un reflet : la lune se reflète dans l’eau sans effort, il n’est  pas besoin de donner de leçon ou  de faire la morale, il suffit d’être… être dans la pratique quotidienne des yamas pour transmettre.

Les Yamas sont  comme une mesure pour  nos pensées, nos paroles, nos actes : juste se poser la question : Cette pensée, cette parole, cet action : cela  est-il sans violence (ahimsa)? Cela est-il vrai (satya)? Cela est-il honnête (asteya)? Cela  est-il mesuré (brahmacharya )? Cela est-il empreint de (in)dépendance ou d’attachement/ détachement (aparigraha)?

Considérés comme des postures envers le monde et les autres,  ils ont aussi fondamentalement un effet réflexif  sur notre propre intériorité et l’attitude que finalement nous pouvons avoir envers nous-même. Car ne suis-je pas le « petit monde » et la personne la plus proche de moi-même ? En faisant subir ceci ou cela aux autres, ne suis-je pas dans le même agissement négatif envers moi-même ? Par exemple : Ne suis-je pas violent avec moi-même ? En ne reconnaissant pas ma fatigue …Ne m’arrive-t-il pas de mentir à moi-même ? En prétendant que je suis en pleine forme …D’être un peu voleur à l’égard de moi-même ? En ne me donnant pas le temps de repos nécessaire…De manquer de mesure et de tempérance dans mes choix ? Malgré une journée harassante, je cours faire les magasins le soir…Ou de souffrir d’attachement envers certaines habitudes ou dépendances ? Je fais toujours mes courses le mardi…

C’est cette intériorisation des yamas  de « l’extérieur  »vers « l’intérieur » qui nous portera  vers les niyamas (attitudes propres à soi) qui de façon plus intime répondent  en écho à ces questions.

Ahimsa : a= privatif himsa=meurtre, acte de tuer. Il s’agit du premier yama dont les autres découlent, en ne vivant pas Ahimsa, on ne peut vraiment vivre les autres et en  ne vivant pas les autres c’est toujours à cette violence « meurtrière » que l’on revient : colère, irritation, rejet, critique, protection, agression contre quelque chose…quelqu’un, ou soi.

Gandhi : « si un homme ne se livre à aucunes violences pendant dix ans en pensée en paroles et en acte alors il devient incapable de violence et entre  alors dans l’Amour inconditionnel, vertu suprême du yoga. »

Satya : vérité : le contraire de mentir tout simplement : car nos mensonges petits ou grands sont cette attitude mentale issue de nos projections, de notre imaginaire et de notre égo pour se protéger, s’inventer une vie, (se) faire croire des choses. Avec la pratique, le calme intérieur et mental apaise notre égo et éloigne le mensonge en rendant vain  nos efforts de dissimulation. Toute vérité n’est pas bonne à dire : en effet, il faut savoir ne pas dire et attendre la bonne heure (bonheur) pour le faire. Une vérité qui blesse c’est une vérité sans Ahimsa. Mieux vaut appliquer  ce que l’on appelle « Le  mensonge du Bouddha » : c’est par exemple un petit mensonge à un enfant pour l’encourager à poursuivre,  pour qu’il garde la joie de faire…  Et puis il y a : ne pas se faire voir comme l’on est. Se faire violence, contraire d’Ahimsa pour ne pas s’affronter soi-même souvent, avant même d’affronter les autres. C’est jouer des personnages. Alors que faire l’effort d’assumer ses défauts, ses failles qui ne sont que les ombres de nos qualités, permet d’éviter la « vérité qui tue » selon l’adage populaire, celle qui ne manque pas d’apparaitre derrière le rideau sous lequel on se dissimule.

Asteya : a privatif  steya =vol. Nous ne possédons rien véritablement, même pas notre corps qui mourra un jour. Nous sommes « locataires » ou gérants de tout ce que nous avons.  Mon vélo, ma maison, mon chien, mon enfant, mon mari…Si nous prétendons les posséder nous sommes des voleurs. J’exerce ainsi une violence contraire à Ahimsa à l’encontre de l’objet ou de la personne que je prétends « avoir ». Ce qui nous appartient ce sont  les leçons de l’expérience, notre vécu, la relation d’affection  que nous entretenons avec le monde. Il ne s’agit pas de vivre dans le dénuement, mais d’accepter la richesse, le confort, notre entourage non pas en tant que propriétaire, mais considérer que nous avons  « la chance » d’en profiter pour un temps, mais qu’ils peuvent disparaitre à tout moment…biens matériels, êtres chers, et puis ne pas confondre posséder et aimer…avoir et être.

Brahmacharya : brahma =dieu, charya= étude et amour  tempérance ou chasteté. Se tourner vers la part divine en nous, la laisser s’exprimer par l’Amour. En Inde traditionnellement,  Ce Yama fait référence à la pulsion fondamentale lié au sexe. Il n’est pas demander de refouler, mais de respecter cette énergie comme une part du sacré. Il s’agit de ne pas faire de confusion entre  l’amour et la pulsion sexuelle, entre l’Amour universel purement spirituel et l’amour humain, qui n’en est qu’un reflet limité. On peut parler plus largement des énergies puissantes en nous. En dehors même de la sexualité, ce sont toutes les pulsions égotiques de recherche de satisfaction, de plaisirs, de jouissance, de sensation  de bien-être et l’attachement à ce qu’elles nous procurent, y compris parfois à la souffrance qu’elles entrainent…immanquablement, nous revoilà dans la nécessité de rechercher Ahimsa.

Aparigraha : le non attachement. Une sorte d’aboutissement des 4 précédents : si je ne suis pas violent, si je suis dans la vérité, si je ne suis pas dans la possessivité et la recherche éperdue de la satisfaction de mes penchants, de mes pulsions, alors je suis dans le non-attachement qui entraîne la non-souffrance et la non-violence s’installe.  Je traverse les expériences de la vie en prenant les leçons qu’elle offre sans  regrets ni remords. Je ne me bats plus contre les chimères, contre le monde qui est. Je suis dans Ahimsa.

Les yamas préceptes vieux de plusieurs milliers d’années, sont modernes et offrent un formidable exercice pour nous dans le monde d’aujourd’hui. Car nous sommes tentés par toutes sortes de richesses, à notre portée ou hors d’elle. Nous sommes portés à vivre des désirs, des aspirations, à (s’) imaginer et (se) créer différents que nous le sommes grâce aux technologies numériques, aux progrès de la science. C’est une chance ! Ce n’est pas loin de tout cela que nous  pourrions faire l’expérience extraordinaire de chaque jour affronter ce monde pour progresser dans les yamas !

Il faut faire des efforts pour  arriver à adopter des attitudes parfois loin de notre nature première. Il faut s’y tenir, trébucher, dépasser les échecs et recommencer encore  pour qu’elles s’intériorisent, nous imprègnent jusqu’à devenir notre vraie nature. Il faut accepter et voir avec lucidité comment l’on échoue, pour mieux réussir la fois d’après.

Pour prendre l’image du jardinier évoquée dans les Yoga sutra de Patanjali : c’est poser des tuteurs sur l’arbre et ses branches  pour révéler le meilleur de sa nature, prendre de la vigueur tout au long de la croissance pour s’élancer, progresser librement sans entrave.    

 

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